
Parce que l’école n’est pas obligatoire, certaines familles font le
choix de l’Instruction En Famille (IEF). Alors que certaines d’entre elles pratiquent l’école à la maison, d’autres pensent ou constatent que « l’instruction ne se donne pas, mais qu’elle
se prend » et font l’expérience du unschooling en laissant leurs enfants libres de leurs apprentissages et en ne leur imposant ni programme ni horaires dédiés.
Mélissa Plavis donne ici à penser et à observer l’expérience du unschooling en mêlant philosophie et anthropologie. Elle déconstruit les a priori concernant les conditions de possibilités du unschooling et démontre qu’il permet, voire facilite, la social(bi)lisation. Elle fait également l’hypothèse que le unschooling est une pratique écologique, au sens généralisé du terme. En effet, plus qu’un mode d’instruction, il semble être un mode d’être et de vivre qui vise à prendre soin des relations – à soi, aux autres et au monde – et à sortir, tant que possible, de toutes les dominations.
Doctorante en anthropologie à l’université Paris Nanterre, membre de l’équipe PROSCIEF de l’université de Cergy-Pontoise (Processus de scolarisation à l’épreuve de l’instruction en famille), mère de quatre enfants non-scolarisés, en unschooling, Mélissa Plavis est aussi accompagnante polyvalente et formatrice. Elle compose sa vie en mêlant sphères familiale, associative, professionnelle et universitaire. Elle s’intéresse aux liens entre (non-)éducation et écologie et en particulier à la parentalité proximale et écologique.
Elle met en rapport cette approche et celle, concernant l’agriculture, de la permaculture. Elles ont ceci en commun qu’on y parle de non-directivité, de non-intrusion, de confiance (en l’enfant, en la nature) : « Il semble donc aussi impertinent de vouloir intervenir autrement qu’en respectant les processus biologiques des plantes que, de même, vouloir intervenir autrement qu’en respectant les processus biologiques des humains jeunes ou moins jeunes ».
Mélissa Plavis nous propose également une vision, pour le moins rare, du féminisme : « […] on voudrait faire croire aux femmes que le salariat, la consommation et la possibilité de confier ses enfants à des tiers constituent une libération : imitons nos modèles masculins, soyons leurs « égales » et nous serons libérées ! », « On oppose trop souvent féminisme et parentalité au foyer, comme si l’indépendance ne passait que par l’aspect monétaire ».
Pour autant, elle insiste beaucoup sur l’importance que chacun trouve la solution qui lui convient, sans culpabilité aucune. Il ne s’agit pas de prôner le 24H/24 collée à son bébé si on n’en a pas envie. Je dirais plutôt qu’il s’agit de remettre les pendules à l’heure, de savoir d’où on vient, quelles sont nos bases, quels animaux nous sommes, et ce que nous pouvons faire avec cette conscience-là.
On y retrouve Ivan Illich, Jean-Pierre Lepri (qui a signé la préface) et Fukuoka pour la permaculture.
Mélissa Plavis a écrit ce livre après avoir fréquenté et observé de nombreuses familles pratiquant le unschooling, et après avoir découvert que la majorité de celles-ci avaient « un souci écologique fort ».
De nombreux témoignages jalonnent ce livre, de l’organisation d’une famille sur un mois, à la préparation d’un voyage et les apprentissages qu’elle occasionne.
Un livre très très riche, qui ouvre à de nouveaux horizons (ou au moins de beaux espoirs) sociétaux ! "
Seashell Rafini.
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